• Enfin. Elle était arrivée là où restaient les derniers biens d'une famille qui n'avait probablement jamais été existante. Mais quels qu’ils soient, c'étaient désormais les siens.
     
     
    Aube Elpes. Le nom d'une jeune fille ordinaire, dont la vie en orphelinat et entre les familles d'accueil en avait fait une personne forte mais qui avait gardé son caractère doux. Non pas que les parents ou autres frères et sœurs ne furent pas affectifs, quoique quelques exceptions se sont présentées, comme pour tout. Mais le gouvernement l'empêchait de rester plus de deux ans. Alors, la solitude était son credo. Et dans cette jeunesse mouvementée survint la majorité libératrice. Libre d'aller n'importe où. Oui mais n'importe où c'est beaucoup d'endroits. Aube n'en voulait qu'un seul.
     
     
    -Derrière le grand arche de pierres, pensa-t-elle. Ah oui, on ne peut pas le louper !
     
    Arrivée à l'île de Rosellia - un belle île au large de Simtopia, où il y a longtemps se fonda une ville riche et prospère et où les artistes affluèrent en masse. On la surnommait "l'îlot des rêveurs". - Aube marcha longtemps après avoir demandé son chemin pour l'adresse "1, route de l'Arche". Le passant à qui elle demanda cela la regarda curieusement et lui demanda si on y construisait enfin quelque chose, si le terrain avait été vendu. Mais elle répondit simplement que non, le terrain était à elle et elle comptait bien habiter là-bas. La personne en fut plus interloquée encore, et lâcha un «bon courage» avant de filer. Décidément, elle était bien curieuse de savoir ce qui allait s'y trouver.
     
     
    On ne lui avait pas menti. La cabane qui se tenait devant elle avait une allure bien peu reluisante. Il s'agissait de la seule construction de l'immense terrain vague. Restait à savoir si elle était habitable. Normalement, elle devrait l'être, puisque selon le notaire, quelqu'un y avait vécu pendant plus de trente ans.
     
     
    Il lui avait d'ailleurs rajouté que l'eau et l'électricité y étaient reliées. À en croire la présence de la baignoire et de la machine à laver, c'était probablement le cas. Bien pittoresque endroit tout de même pour de tels objets...
     
     
    La jeune fille ne manqua pas de remarquer la porte cassée - pour ne pas dire défoncée - qui servait d'entrée à la maison... Elle espérait la réparer rapidement, ou au moins avant l'automne.
     
     
    L'intérieur ne payait pas de mine non plus. Un lavabo rafistolé, des toilettes vétustes, un lit simple et à l'allure spartiate,...
     
     
    ... un frigo sans doute pas de première jeunesse et une cuisinière qui n'était pas en reste. Elle allait aller loin avec ça.
     
    ~
     
     
    Le matin même, Aube passa faire des courses avec ses quelques économies pour s'acheter un peu de quoi manger, et se fit une petite salade en guise de déjeuner.
     
     
    Manger sur le rebord de la baignoire à l'extérieur était bien pittoresque mais peu confortable et pas franchement aisé. La jeune femme ne disposait vraiment que du strict nécessaire.
     
     
    Plus tard dans la matinée elle s'attela à planter les quelques graines qu'elle avait pris avec ses économies. Il était en effet une passion très présente dans le cœur d'Aube, et ce depuis toute petite. Le jardinage, la culture des plantes. Elle avait bien décidé de ne vivre que de cela. Mais les légumes rapportaient-ils assez pour vivre ? Elle n'en savait finalement pas grand chose...
     
     
    La nuit arriva rapidement, et alors qu'elle se coucha, elle se répéta qu'il faudrait vraiment rapidement réparer la porte... Là où elle habitait n'avait d'une maison que le nom.
     
     
    Heureusement pour Aube, elle vivait dans un endroit bien isolé. Personne ne penserait à venir ici... si ?
     
     
    Les jours suivants furent bien peu riches en nouvelles pour la jeune femme. Le quotidien s'était finalement vite installé, dans cette petite cabane.
     
     
    La vie n'y était pas vraiment confortable, mais Aube savait s'en contenter. Elle y était tranquille.
     
     
    À force de travailler à l'extérieur Aube avait pris des couleurs et un peu de fatigue. Mais elle respirait la quiétude, et la sérénité. La tranquillité de la nature était ressourçante.
     
     
    Bien sûr l'argent se faisait rare. Mais les factures étaient maigres et n'étaient finalement pas les plus pénalisantes.
     
     
    Pour tenter de trouver de quoi réparer ou s'équiper un peu mieux, la jeune femme allait parfois à la casse chercher des objets qui pourraient lui servir. C'était bien peu flatteur mais quand on a rien, il reste les solutions de secours.
     
     
    Le soir, Aube s'endormait comme un bébé après ses journées fatigantes, emportée par le flot d'énergie que suscitait la culture de ses légumes.
     
     
    Mais un matin, devant la porte, elle se trouva nez à nez avec une... camionnette de glacier. Interloquée, elle s'avança vers le véhicule, pour aller à la rencontre de l'homme qui s'y trouvait.
     
    -Excusez-moi, interrogea-t-elle, vous ne vous êtes pas trompé de chemin ?
    -Non, répondit avec lassitude le vieil homme, figurez-vous que je dois passer devant toutes les habitations occupées ! Comme on m'a indiqué que quelqu'un habitait ici maintenant, on m'a fait gentiment comprendre au passage que je dois aller y passer...
    -Vous plaisantez ? Mais j'habite seule ici ! Vous ne devriez pas faire le détour juste pour moi !
    -C'est mon boulot m'dame.
     
    Fort de cette étrange discussion, Aube se dit que peut-être qu'aller en ville, à la rencontre de la civilisation ne lui ferait pas de mal. Après tout elle habitait ici maintenant, et n'avait pas vraiment envie de passer pour une asociale...
     
     
    La bibliothèque fut son premier choix. Elle avait besoin d'apprendre quelques rudiments sur le bricolage et d'avancer ses connaissances sur le jardinage.
     
     
    Mais elle eut beau chercher pendant des heures, elle n'y trouva que des livres de fiction. Elle se plongea rapidement dans une histoire sentimentale tout à fait touchante, écrite par un certain Brandon Watts. Les déboires d'un amour tourmenté entre Camille et Mathieu. Quelque part elle pouvait y sentir une grande sincérité dans l'écriture, et c'était ce qui en faisait tout l'attrait. Mais malgré cette belle histoire, Aube n'était pas satisfaite et chercha quelqu'un qui pourrait peut-être l'aider à trouver ce qu'elle cherchait. Elle s'adressa à quelqu'un qui semblait travailler ici.
     
     
    -Excusez-moi, je cherche depuis tout à l'heure... Vous savez où sont les livres de compétences ? ça fait des heures que je fouille et je ne trouve pas.
     
     
    -Désolé, mademoiselle, mais nous n'en avons pas ici. Les livres de compétences ne sont disponibles qu'en librairie.
     
     
    -Oh, excusez-moi... ça ne fait rien. Vous pourriez peut-être m'indiquer où se trouve la librairie que je puisse aller les acheter là bas, à l'avenir ?
     
     
    -Bien sûr. Vous sortez d'ici, vous prenez à droite, et encore à droite. Vous êtes nouvelle en ville ?
    -Aha, oui, ça se voit tant que ça ?
    -J'ai beaucoup d'habitués ici, et je n'avais jamais vu votre visage auparavant ! Laissez-moi me présenter, je suis Boyd Wainwright, je gère la bibliothèque et le service culture de la ville. J'espère que vous vous plairez ici !
     
     
    -Enchantée. Je l'espère, moi aussi.
     
    À son départ, le gérant en question ne manqua pas de parler du festival d'été à la jeune arrivante. Depuis plusieurs jours, les gens se rassemblaient dans le parc central de la ville pour quelques réjouissances.
     
     
    Mais Aube décida d'abord de rester s'occuper de ses plantations, car le temps des premières récoltes était rapidement arrivé.
     
     
    Elle espérait en tirer un bon prix, misant surtout sur la qualité de ses produits.
     
     
     
    Elle réussit à s'en tirer avec quelques 40§ pour des mûres et des pêches qui semblaient plutôt bonnes. Cela lui donnait déjà un bon départ.
     
     
     
    Le jour suivant, elle décida de se rendre enfin au festival d'été. Le parc, qu'elle n'avait encore jamais visité auparavant était vraiment somptueux, à l'image de la ville. L'architecture des XVIIIe et XIXe siècles était quelque chose de très ancré dans la ville et lui donnait une allure romantique, presque d'un autre temps.
     
     
    Peu de temps après être arrivée, elle remarqua l'homme qu'elle avait rencontré l'autre jour, ce fameux Boyd Wainwright.
     
     
     
    Elle lui fit signe au loin avant de le rejoindre, la mine enjouée de rencontrer quelqu'un qu'elle connaissait.
     
     
     
    -Monsieur Wainwright ! Quelle coïncidence ! Vous venez voir le festival d'été vous aussi ?
     
     
    -Héhé, je venais me ressourcer un peu, oui. Mais je vous en prie, vous pouvez m'appeler Boyd !
     
     
    Ils discutèrent alors quelques temps au parc, pour faire plus ample connaissance, jusqu'à ce qu'Aube parle d'un problème auquel elle faisait face en ce moment.
     
     
    -Alors vous comprenez, je voudrais vraiment vivre de la culture des fruits et légumes, mais j'ai beaucoup de mal à essayer de voir ce qui pourrait aussi me rapporter. Je ne suis pas si proche de l'argent mais j'aimerais pouvoir avoir un peu plus de confort !
     
     
    -Mais enfin, la solution est simple ! Vous n'avez jamais songé à vous lancer comme jardinière professionnelle ?
     
     
    -Hein ? Qu'est-ce que c'est que ça ?
     
     
    -Eh bien c'est simple, il vous suffit de déclarer officiellement que vous souhaitez exercer le métier de cultivatrice et vous avez des indemnités si vous remplissez des quottas ! Venez demain en mairie, j'en discute avec mes collègues et vous aurez tout de suite de quoi vous en occuper.
     
     
    -C'est vrai ? Merci beaucoup pour le conseil, on peut dire que j'ai de la chance de tomber sur vous !
     
     
    Peu de temps après Monsieur Wainwright dut repartir mais les deux nouvelles connaissances échangèrent tout de même leurs numéros de téléphone...
     
     
     
    -Bien, termina Aube. Merci beaucoup pour tout Boyd ! Je ne manquerai pas de venir demain à la première heure pour voir tout ça.
    -Je vous en prie, c'est tout naturel, j'aime rendre service ! À la prochaine !
    -À plus tard !
     
     
    Alors que Boyd repartit, Aube reprit sa promenade dans le parc, admirant l'endroit où elle était arrivée.
     
     
    La fontaine centrale était digne du nom du lieu : Le Parc des Empereurs. Pas très original, mais qui en imposait quelque peu.
     
     
     
    Mais absorbée dans sa contemplation, la jeune femme distraite ne fit pas attention à la personne qui était dans sa direction et qui l'entrechoqua brutalement.
     
     
     
    La personne la rattrapa du bras alors qu'elle manquait de tomber.
     
     
    -Oups, excusez ! Je vous avais pas vue ! ça va ?
     
     
    -ça ne fait rien, répondit-elle, légèrement étourdie. Je ne vous avais pas vue non plus. Excusez-moi.
     
    Le jeune homme en face d'elle l'observa deux secondes sans rien dire.
     
     
     
    -Non, c'est pas grave.
     

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  •  
    Encore chamboulée par cette altercation soudaine, Aube parvint à balbutier quelques mots.
     
    -Je... J'espère que je ne vous ai pas fait mal...
     
     
    Le jeune homme en face d'elle se mit à sourire.
     
    -Non, non, je vous assure, ça va ! Vous avez l'air perdue...
     
     
    - Héhé, répondit-elle timidement, je suis un peu tête en l'air alors je suis toujours confuse quand ça m'arrive...
     
     
    -Ah mais faut pas vous sentir gênée pour ça ! D'ailleurs vous faites quoi là à penser à autre chose pendant la fête ? Vous êtes toute seule ?
     
     
    -Ben... oui. Je ne connais personne en ville, je viens d'arriver.
     
     
    -Mais venez avec moi ! Ce serait trop triste de vous laisser là toute seule un jour de fête !
     
     
    -Oooh, c'est vrai ? Vous êtes trop sympa ! Je suis un peu embarrassée, on ne se connaît pas...
     
     
    -Ben c'est comme ça qu'on fait des rencontres non ? Vous aviez dit que vous ne connaissiez personne !
     
     
    -Je suis avec mon frère et une amie ici, rajouta-t-il, je suis sûr qu'on va bien s'entendre !
     
    Les deux personnes désignées firent immédiatement signe, accompagnés d'un "salut" sympathique et d'un sourire. Aube ne semblait décemment pas refuser.
     
     
    La nouvelle rencontre et la jeune femme s'approchèrent d'eux. 
     
    - Je vous présente, euuuh...
     
    Le jeune homme se tourna vers Aube, un peu confus.
     
    -Je vous ai même pas demandé votre prénom au fait ! Moi c'est Jared !
    -Enchantée. Moi c'est Aube.
    -Très joli ! Eh ben Aube, je vous présente Sarah, et Connor.
     
    Sarah et Connor ajoutèrent un "enchanté" à la simple présentation de Jared.
     
     
    La jeune femme fit rapidement connaissance avec le groupe d'amis, en papotant longuement avec eux au bord de la fontaine...
     
     
    Tout cela démarrait bien pour Aube qui se mit rapidement à apprécier leur compagnie.
     
     
     
    Et pendant tout l'après midi...
     
     
    ... ils profitèrent ensemble des joies du festival des derniers jours de l'été.
     
     
    Sarah semblait d'ailleurs avoir de nombreux atomes crochus avec Aube.
     
    -J'en reviens pas que vous m'ayez intégrée comme ça à votre groupe ! C'est quand même drôlement sympa de votre part.
     
     
    -Oh tu sais, ça nous fait plaisir, ici, on trouve rarement des jeunes de notre âge qui profitent un peu de la fête. La plupart vont faire de grosses fêtes à l'université. C'est un peu trop pour nous. Alors quand Jared a su que tu étais seule...
    -Oh, vous êtes étudiants ? s'interrogea Aube.
    -Oui, mais on s'est trouvés un logement ici. L'endroit est agréable et comme c'est un peu loin de tout, les prix sont bas.
    -Mais comment vous faites pour aller étudier ?
    -Il y a un port avec des bateaux qui font le voyage tous les jours. Là on profite des vacances, mais d'habitude on doit se lever tôt. C'est une chance de pouvoir en profiter.
     
     
    Aube était assez impressionnée. Elle n'avait jamais voulu faire d'études supérieures et elle se retrouvait avec des personnes plus âgées qu'elle qui en étaient déjà à quelques années d'université. Mais malgré cela, ils n'avaient pas l'air de se sentir supérieurs...
     
     
    Mais bientôt la journée fut finie et vint le temps de se dire au revoir...
     
     
     
    -Bon, commença-t-elle, ça m'a fait drôlement plaisir de vous rencontrer. Je me suis vraiment amusée.
     
     
    -ça a été un vrai plaisir aussi. On se revoit quand tu veux.
     
     
    -D'accord. À la prochaine.
     
     
    Aube avait un sourire jusque dans les tréfonds de son cœur. Elle avait fait une charmante rencontre aujourd'hui, et tandis qu'elle laissait partir le beau Jared, elle se sentit pensive, et charmée. Le destin réserve parfois de belles surprises.
     
     
    Rentrée chez elle, la jeune femme reprit son quotidien de travail de la terre.
     
     
    Les plantes et leur croissance, aussi lente soit-t-elle, n'allaient pas vraiment l'attendre...
     
     
    Dès le lendemain, elle reprit le chemin de l'hôtel de ville, afin de concrétiser son statut et son métier.
     
     
     
    L'imposant bâtiment, de grandes pierres, se dressait face au parc. La ville était décidément d'une architecture bien spéciale...
     
     
    Arrivée dans le hall d'accueil, elle se renseigna, et on la conduit rapidement vers les bureaux des finances et de l'emploi. La personne qui l'accueillit avait déjà pris connaissance de son cas grâce à Boyd qui plus tôt, l'avait prévenue. Le rendez-vous fut donc rapide et Aube repartit accompagnée de son nouveau travail : Jardinière indépendante ! Il ne lui restait à présent qu'à en être digne...
     
     
    Ses ventes plutôt fructueuses lui permirent de rapidement prendre un titre plus haut, et de pouvoir se faire de nouvelles économies.
     
     
    Le soir même, alors qu'elle vérifiait les factures, Aube reçut une lettre à laquelle elle s'attendait peu...
     
     
    Une invitation à une soirée, de la part de Connor ! Ce n'était pas Jared, mais cela revenait au même, étant donné qu'ils lui avaient dit qu'ils habitaient dans la même maison.
     
     
    Elle se prépara donc et vint leur rendre visite à l'adresse indiquée : C'était une superbe petite villa dans le quartier de la plage. La jeune femme en était éblouie.
     
     
    Ce fut d'ailleurs Jared lui-même qui l'accueillit.
     
    -Hey, salut Aube ! C'est super que tu sois venue !
     
     
    -Mais de rien, c'est à moi que ça fait vraiment plaisir ! D'ailleurs, je voulais vraiment te dire que vous avez une superbe maison, toi et ton frère ! Comment vous pouvez vous payer ça en étant étudiants ??
    -Oh, c'est une sous-location, répondit-il. On trouve des tas de vieilles baraques encore meublées hyper chics qui sont des héritages de famille qui n'ont pas réussi à trouver d'acheteur parce que l'endroit est éloigné de tout.
    -Ah je vois, rit-elle, ça ne doit pas coûter bien cher pour ce que c'est !
     
     
    -Non, c'est vrai qu'on peut pas dire que ça soit cher, haha. Mais laisse moi te présenter un autre ami à moi : Voilà Marc ! Il passe la soirée avec nous.
    -Salut, enchanté de te connaître, rajouta l'ami en question, tout enjoué. On voit pas souvent des jeunes ici qui soient pas étudiants !
     
    Une fois de plus Aube passa une excellente soirée. Curieuse d'en savoir plus sur toutes ces histoires de situation de l'île, elle questionna un peu ses nouveaux amis. Ils lui expliquèrent que l'île, malgré un patrimoine culturel colossal, avait fini par pâtir de sa situation éloignée avec Simtopia. Elle ne vivait économiquement plus que du tourisme, des résidences secondaires de riches, des quelques étudiants qui viennent y chercher un logement confortable et quasiment donné - s'ils veulent bien respecter les règles très strictes de leurs propriétaires -, ainsi que des très nombreuses subventions du gouvernement... Elle se dit alors qu'elle questionnerait bien à ce moment son ami Boyd qui en saurait sûrement plus.
     
     
    Mis à part ces réflexions nombreuses, ce fut pour elle un moment bien sympathique. Le salon était spacieux et agréable, et elle ne vit pas le temps passer. Sarah était décidément une fille adorable, Jared un garçon vraiment charmant - et fort charmeur -, Connor quelqu'un de bien sympathique et comique, et Marc, bien qu'assez timide, se révéla vraiment très gentil.
     
     
    Des semaines passèrent et la rentrée reprit. De nombreux soirs, Jared ou Connor téléphonaient à la jeune femme pour l'inviter le soir et leur raconter leur vie à l'université. Elle se sentait parfois un peu dépassée par tant de détails techniques, particulièrement par Marc qui suivait un cursus informatique, Sarah en sociologie, et Jared en Art. Il n'y avait bien que Connor qui était en sport qui avait toujours un discours clair. Elle appréciait beaucoup leur compagnie. Les soirées se faisaient toujours dans la jolie villa des deux frères. Marc et Sarah habitaient dans un petit appartement ancien assez restreint, et visiblement peu rangé.
     
     
    Quand à Aube... La jeune femme évitait le sujet de sa maison.
     
     
    L'automne s'était maintenant installé sur l'île de Rosellia... Les couleurs envahissaient les bosquets, donnant de jolies associations de la nature.
     
     
    Un soir, à nouveau, Aube reçut un appel en plein jardinage, le soir.
     
    -Allô oui ? s'enquit la jeune femme.
    -Allô Aube ? C'est Jared ! Désolé de téléphoner si tard ce soir, mais ça te dirait de venir demain ? On finit plus tôt cette semaine !
     
     
    -Bien sûr, se réjouit la jeune femme, ça sera avec plaisir, comme d'habitude ! À quelle heure je viens ?
    -À dix-huit heures, ça sera super ! Je t'embrasse, on se voit demain !
     
    Le temps de dire au revoir et elle raccrocha. Elle avait encore hâte.
     
     
    Une nouvelle journée de jardinage intense passa, et Aube se prépara pour arriver le soir.
     
     
    En arrivant, elle dit bonjour à son ami Jared comme d'habitude, mais, étonnée de ne voir que lui, regarda le jeune homme en face.
     
    -Ben alors, t'es tout seul ?
     
     
    -En fait, répondit-il, confus, j'ai pas eu le temps de te prévenir... mais les autres n'ont pas pu se libérer finalement. Les cours ont été déplacés et ils prendront le dernier bateau ce soir.
    -Oh, je suis vraiment désolée !
     
     
    -C'est pas grave... Mais du coup on est que tous les deux. Si tu veux rentrer chez toi, c'est pas très grave, hein.
    -Oh, mais non quand même ! Je vais pas te laisser tout seul ! Tu avais bien fait la même chose, il y a un certain temps, non ?
     
    Le jeune homme rit et ils se mirent à table rapidement. Le repas fut un peu plus silencieux, mais curieusement, Aube ne trouva pas cela désagréable...
     
     
    -La salade te plaît ? demanda Jared.
    -Oui, c'est très bon. Tu les réussis toujours bien.
     
     
    -Désolée de ne pas être très bavarde, ajouta-t-elle, je suis un peu fatiguée à vrai dire.
    -C'est pas grave. Moi aussi.
     
     
    -Et puis... continua Jared, c'est déjà bien d'être avec toi.
     
     
    Après le repas, ils s'installèrent sur une méridienne du salon pour discuter un peu. La discussion fut longue, et les sujets de tout et de rien. Vers minuit et demie, Aube se dit qu'il était peut-être temps de repartir.
     
     
    -Bon ben écoute, ça m'a fait plaisir encore d'être venue ce soir, dit Aube en lui faisant la bise.
    -Pas de problème, moi aussi, j'ai trouvé ça très sympa.
     
     
    -En fait... ajouta-t-elle, c'était plutôt bien aussi à deux.
     
     
    -Tu veux peut-être qu'on remette ça un de ces quatre ? Juste... toi et moi ?
     
    Aube hésita un peu avant de répondre.
     
    -Oui. Pourquoi pas. C'est une bonne idée.
     
     
    Conduite par un taxi, Aube repartit chez elle, le cœur un peu lourd. Il se passait quelque chose avec Jared. Peut-être était-ce bien ce qu'elle pensait. Mais malgré tout ce qu'elle avait pu éprouver auparavant dans son adolescence...
     
    Ce cas-là, c'était la première fois.

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    Les couleurs de l'automne et sa température en baisse ont rendu Aube contente d'avoir pu réparer à temps sa porte d'entrée, qui offrait maintenant une isolation un peu plus viable que l'ouverture béante qui s'y trouvait auparavant.
     
     
    Grâce à ses récentes économies, la jeune femme avait pu s'offrir quelques outils, et de l'équipement en plus, notamment une table de cuisine...
     
     
    ... qui lui permit de préparer des plats plus élaborés.
     
     
    Ainsi qu'un équipement de jardin avancé, l'aidant grandement dans ses cultures.
     
     
    Elle vivait simplement mais avait appris à faire avec, et elle se trouvait bien tranquille logée loin de tout.
     
     
    Malgré tout cela ne l'empêchait pas de voir les gens qu'elle appréciait, comme de rendre visite à Boyd de temps à autres, ou d'aller aux soirées de ses amis étudiants. Ce fut d'ailleurs à ce premier qu'elle allait voir en cet après-midi d'automne. Il habitait plus dans les terres de l'île, dans une belle maison de pierre, nichée parmi les arbres de la forêt. L'endroit avait un charme intemporel qui caractérisait bien Rosellia, comme si le champêtre et le bucolique était une manière de vivre à part entière.
     
     
    Boyd l'accueillit comme à son habitude, très chaleureusement.
     
    -Aube ! Comment tu vas ? s'enquit-il.
    -Ben écoute, bien, répondit la jeune femme. Un peu courbaturée par le boulot, mais j'ai pas à me plaindre non plus.
     
     
    -En tout cas ça me fait drôlement plaisir de te revoir ! Viens t'installer dans la véranda, on va discuter un peu.
     
     
    Aube suivit alors son vieil ami dans son paisible jardin d'hiver, où elle apprécia le cadre de sa charmante maison tout en discutant. À dire vrai, la jeune femme avait aussi dans l'idée d'assouvir sa curiosité à propos de l'histoire de l'île où elle venait d'emménager.
     
    -Ah, ça c'est un peu difficile de tout résumer rapidement... Qu'est-ce qui t'intéresse dans le passé de Rosellia exactement ?
    -Ben... Je suis curieuse... Cette île, loin de tout, pleine de trésors et de bâtiments riches. Comment autant de choses ont pu se retrouver là dessus ?
    -Bon, autant te faire un résumé. Tu as du temps devant toi, non ?
    -Oui ! répondit vivement la jeune femme intriguée.
    -Très bien. Bon, si tu as un peu étudié en histoire, tu devrais savoir qu'au départ Simcity était un continent sauvage, vierge de population. Il y a plus de 500 ans maintenant, les villes de Simtopia ont découvert le continent et décidé d'y établir de nouvelles villes.
     
     
    -D'accord... Mais qu'est-ce que ça a à voir avec ici ?
    -Laisse-moi finir : Rosellia est une île juste entre les deux continents. Rapidement, ça en a fait un relais commercial de choix. La petite île, autrefois simple village de pêcheurs, s'est vite retrouvée au centre de nombreux intérêts. Deux villes alors particulièrement puissantes, Monte Vista et Dragon Valley, y ont alors envoyé leurs deux familles les plus puissantes pour y asseoir leur autorité et le commerce entre leurs nombreuses colonies : Les Alto, pour Monte Vista, et les Plènozas, pour Dragon Valley. Au début une certaine rivalité s'était installée, mais rapidement les familles virent un intérêt commun dans le fait de collaborer, et de cette alliance naquit une énorme puissance économique. Rosellia avait alors de quoi construire de magnifiques bâtiments, avec des richesses venues des quatre coins du monde ! Cette prospérité dura jusqu'au XIXe siècle, où elle put profiter quelques temps de la révolution industrielle, mais malheureusement les événements politiques en décidèrent autrement : les colonies de Simcity, qui avaient déclaré leur indépendance à la fin du XVIIIe siècle, finirent par asseoir leur puissance industrielle et économique et couper la grande majorité des routes commerciales dont ils dépendaient. L'économie de l'île fut alors atteinte en tout point. Le désintérêt de l'île se fit peu à peu ressentir, et en peu de temps elle ne fut plus que l'ombre d'elle même. Heureusement, dans les années vingt à trente, le tourisme redonna un gros intérêt à la région. Aujourd'hui, tout ce qui nous reste, c'est le tourisme. Les subventions du gouvernement, les touristes qui payent des hôtels onéreux, les résidences secondaires de gens fortunés qui apprécient le calme...
     
    La jeune femme poussa un souffle d'étonnement, assez impressionnée par cette longue tirade :
     
    -Wouah, eh ben ! La ville a une grosse histoire derrière elle ! Mais tu sais, je t'ai parlé de Jared et Connor, les deux frères étudiants qui vivent dans la villa sur la mer. Apparemment leur location est à un prix vraiment donné, et je les connais, cette décoration, c'est pas eux qui l'ont mise, haha.
    -C'est parce que le tourisme dans une région, ça ne fait pas tout. Il y a un très gros patrimoine historique et on ne peut pas tout entretenir, ça représenterait une somme d'argent colossale ! Alors pour compenser un peu, certaines familles qui peuvent se le permettre, ou la mairie de l'île qui a racheté certains domaines, mettent en location à un prix particulièrement sous-estimé pour attirer des personnes avec de petits moyens financiers. C'est surtout proposé aux étudiants parce qu'il y a aussi en place des systèmes de transports très efficaces jusqu'à l'Université. Alors pour certaines filières qui ont des emplois du temps plus malléables, c'est plus intéressant d'avoir un logement ici que d'avoir une chambre dans les dortoirs. Enfin moi ce que j'en dit...
    -Aha oui, tout pour faire de la pub, hein ?
     
    Aube réfléchit un moment, puis ajouta :
     
    -Mais ces familles, elles existent toujours, non ?
    -Oh, ce n'est plus pareil. En fait la lignée des Alto s'est presque totalement éteinte. Tout a commencé avec la disparition d'une fille... Holly Alto, je crois. Enfin, à part les cousins éloignés qui restent à s'occuper du vieux palais ici, je crois bien que la famille est tombée dans l'oubli... Quand aux Plènozas, les derniers héritiers vivent encore bien à Sunset Valley, mais ça n'a plus grand chose à voir avec la famille d'Antan. Notemment parce que Dragon Valley est devenue quasiment ville fantôme.
     
    Boyd s'arrêta un moment, comme plongé dans ses réflexions.
     
     
    -Mais sinon, ajouta-t-il en changeant de sujet, à ce propos, comment ils vont, tes amis ?
    -Oh ben écoute, bien. La rentrée a été faite, et ils commencent à avoir pas mal de boulot. Mais dès qu'ils sont là le soir, ils me préviennent toujours !
    -Je suis content que tu te sois rapidement fait des connaissances ici. Tu as de la chance d'être arrivée à une période de festivités, généralement c'est particulièrement calme ici...
    -Ah, oui tu l'as dit !
     
     
    -Et au fait, tu ne m'avais pas parlé d'un garçon en particulier ?
    -Si ! C'est Jared... Il me plaît vraiment bien.
    -On dirait que quelque chose se profile à l'horizon, haha. Je croise les doigts et je touche du bois pour toi ! s'amusa Boyd
     
    Aube émit un petit rire :
     
    -Tu sais, quand on s'est vus la première fois, j'ai pensé un instant que je te plaisais et je me suis demandé si tu n'allait pas tenter quelque chose avec moi... J'ai eu un peu peur sur le coup !
     
     
    -Oh ! Moi ? Haha, tu es mignonne ma petite Aube, mais j'ai dépassé les cinquante ans... et je suis marié depuis déjà bien longtemps. Dans une autre vie, peut-être !
     
     
    -Oui, c'est vrai, je ne sais pas pourquoi j'y ai pensé ! s'amusa Aube.
     
    La jeune femme ne put s'empêcher de rire intérieurement. Son inexpérience en matière d'amour la rendait souvent bien perplexe devant les signes d'amour ou de séduction auxquels elle pourrait faire face... ou pas.
     
     
    En rentrant de chez Boyd, Aube eut la bonne surprise de croiser Sarah et Marc alors qu'elle passait par le parc.
     
    -Aube ! Comment ça va ? s'enthousiasma Sarah.
    -Très bien, répondit l'intéressée. Et vous deux ? Vous êtes déjà rentrés ?
    -Figure toi qu'on a eu des cours de libérés, précisa Marc.
    -Ouais, c'est rare, en début d'année on est toujours surchargés d'habitude... Enfin, bon. Tu rentrais chez toi ?
    -Oui, répondit simplement Aube.
     
     
    -Tu devrais venir à l'appart ! entreprit Marc. T'es jamais passée chez nous encore !
    -Oh mais, je veux pas vous déranger.
    -T'inquiète pas, de toutes façons on a pas trop de boulot, et puis à trois, c'est moins difficile de loger tout le monde, haha.
     
     
    Enthousiasmée, Aube accepta avec plaisir de les accompagner à leur appartement. Elle arriva dans une rue où de grands manoir du XIXe siècle, tous isolés dans de grands jardins. L'allure imposante du quartier ne donnait pas vraiment l'impression d'appartements bon marché.
     
     
    -Ouah ! S'extasia la jeune femme. C'est ici que vous habitez ? C'est immense !!
    -T'emballe pas, hein, rétorqua son amie. On a un petit appartement à l'intérieur d'ici.
     
     
    En effet, après avoir monté de vieux escaliers, l'intérieur semblait plus raisonnable pour de jeunes étudiants. La grandeur de l'ancien manoir combiné à un aménagement de petit studio refait dessus. L'ensemble avait un charme bohémien agréable.
     
     
    -Vous êtes quand même bien logés, remarqua Aube.
    -Oui, c'était vraiment une bonne idée de venir prendre un logement ici. C'est un peu loin de la fac, mais on a vraiment un cadre studieux et aussi très calme pour pouvoir travailler. L'université c'est trop agité pour nous.
     
     
    -Mais combien de temps ça vous prend à chaque fois pour le voyage ? C'est quand même pas la porte à côté !
    -Figure toi qu'on profite d'une installation hyper moderne : Le monorail ! En fait, il y a une station maritime que la mairie de l'île a fait construire avec le gouvernement, du coup on est reliés au réseau par le bateau. En tout, une demi-heure de bateau, une heure de monorail. C'est hyper rapide pour la distance.
    -Oh le fric que ça a dû coûter ça aussi !
    -Il paraît qu'on a de la chance parce que le monorail maritime passe pas loin de Rosallia avant d'aller direct à Simcity.
    -Ah oui, ça aide...
     
     
    -Mais ça m'étonne que tu ne le sache pas... s'étonna Sarah. Tu n'es pas venue ici en monorail ?
    -Euh... non, bredouilla Aube. Je suis venue ici par bateau. Mes moyens sont... limités. C'est le seul transport qu'on m'a proposé quand j'ai demandé à y aller.
    -Ah bon ? Mais t'es partie d'où ?
    -De Riverview. La rivière jusqu'à la côte est navigable alors y'en a qui proposaient d'aller jusqu'ici.
    -C'est vrai ?? Mais... Moi et Marc on vient aussi de la campagne pas loin de Riverview ! C'est drôle ça ! On aurait pu se croiser, surtout à l'école ou au lycée, même si tu es un peu plus jeune.
    -Ah oui, c'est possible. Vous habitiez où ?
     
     
    -Dans la campagne au Sud-Ouest de la ville, raconta Sarah, enfin pas très loin. On était dans la même classe déjà à l'époque... ça me fait bizarre d'être loin maintenant.
    -Vous vous entendiez bien à l'époque déjà ?
    -En fait, pas vraiment ! Tu sais ce que c'est, hein, à cette époque : Les garçons d'un côté, les filles de l'autre, même si les écoles mixtes ça existe depuis bien longtemps... Et puis jusqu'au lycée on se recroisait souvent, vu qu'on était au même niveau, bien que pas dans les mêmes filières. J'étais partie en économique et social alors que lui était en scientifique. Et lorsqu'on s'est revus à l'université, on était heureux parce qu'on ne connaissait personne ! Alors de fil en aiguille on s'est rapprochés et on est devenus vraiment amis.
    -Haha, seulement amis ? ironisa Aube.
    -Oui ! En fait, ça a toujours été la "friendzone" entre Marc et moi. Je sais pas s'il y a jamais pensé... Mais pour moi ça restera toujours un ami.
    -Si c'est clair entre vous, c'est pas un mal, après.
     
     
    -Oui, répondit simplement l'étudiante. En fait, j'ai pas envie de briser cette amitié entre nous. Si des sentiments se pointaient, ça gâcherait tout.
     
    Aube se demanda si Marc était bien clair sur la question mais n'osa pas insister. Après tout, elle pourrait toujours en discuter avec lui.
     
     
    Le lendemain, Aube se rendit tôt au marché, pour acheter de nouvelles sortes de plantes. Ses récentes économies devaient faire le fruit de quelques nouveaux investissements pour que ses récoltes soient plus rentables.
     
     
    Elle reçut alors un appel de Jared :
     
    -Oui, Jared ? Cet après-midi ? Pas de problème ? Au parc du belvédère, près du Palazzo Alto ? Oui, oui, bien sûr, ça me fait plaisir ! À tout à l'heure !
     
    Elle raccrocha, enjouée, une fois de plus. Décidément elle était plus sortie avec des amis en trois mois de temps qu'en une dizaine d'années avant d'arriver ici.
     
     
    Mais en attendant, pour se diversifier dans ses activités, elle décida de s'adonner à une pêche, dans le lac du parc naturel de l'île. Niché au milieux des montagnes et de la forêt de conifères, le cadre du lac était magnifique, et superbement bien préservé.
     
     
    Les feuilles d'automne étaient déjà toutes tombées, annonçant l'hiver prochain. 
     
     
    Aube avait pu facilement se procurer une canne à pêche, avec la mer à proximité et les nombreux points de pêche, l'activité était courante. Elle ne comptait pas en faire une rémunération, mais cela lui ferait au moins explorer d'autres horizons et d'autres compétences, et profiter de la nature qu'elle aimait tant.
     
     
    Car il était bien une chose importante dans le cœur d'Aube : La nature et sa grande tranquillité sauvage. Rien ne valait pour elle qu'un paysage vierge, d'une beauté toute naturelle. Étonnamment, Rosellia avait aussi de ce genres de choses.
     
     
    Plus tard, elle décida de quitter un peu le sauvage et de faire un tour au cinéma, juste avant de rejoindre Jared au parc.
     
     
    En arrivant à son lieu de rendez-vous, ensuite, elle fut subjuguée par la beauté du lieu. C'était un belvédère, niché au milieu d'un étang, dans la forêt.
     
     
    L'endroit était charmant, et bien romantique pour l'occasion. Aube commença à franchir le pont pour aller au belvédère quand elle entendit des pas derrière elle.
     
     
    C'était Jared, qui était venu. Seul.
     
    -Content que tu sois déjà là.
     
     
    Aube commença à saisir la raison de cette entrevue. Elle questionna, alors, faussement naïve :
     
    -Il n'y a que nous deux ? Tu n'es pas venu avec les autres ?
    -Non, j'avais envie d'être au calme avec juste toi... Tu me disais bien l'autre jour que ce serait bien de refaire ça juste à deux, non ?
    -Haha, oui, c'est vrai.
     
    Jared eut un petit sourire.
     
    -Viens, on va sous le kiosque.
     
     
    -Tu as vraiment bien choisi l'endroit. Je ne connaissais pas, c'est magnifique.
     
     
    -C'est qu'il faut bien que je te fasse un peu découvrir, ce serait dommage de ne pas partager de belles choses comme ça, tu ne trouves pas ?
     
     
    Aube rougit un peu. La remarque était anodine mais elle lui fit faire un bond au coeur.
     
    -C'est bien gentil de prendre le temps de le faire avec moi, alors.
     
     
    -C'est normal, après tout. Tu le mérites, et puis ça me faisait plaisir d'aller dans un endroit un peu spécial, avec une fille un peu spéciale.
     
     
    Sur ces mots, la jeune femme sentit qu'elle était écarlate. Elle ne put s'empêcher de se retourner vers le paysage pour reprendre ses esprits.
     
    -Spéciale... vraiment ?
     
     
    Elle se retourna vers lui. Jared la prit alors par les épaules, se rapprochant d'elle.
     
    -Oui. Spéciale. Et plus que ça.
     
    En un instant l'esprit d'Aube fut totalement envoûté, tout comme son corps était paralysé. Elle voyait le visage de l'homme devenu plus séduisant que jamais s'approcher du sien, lentement. Les secondes étaient devenues des années.
     
     
    Au contact de ses lèvres, les sentiments affluèrent de toutes parts dans la tête de la jeune femme. Tout ne devint plus clair et en même temps, tout était reporté sur la seule action. C'était donc cela le contact entre les êtres dont on lui avait souvent parlé. La fameuse fusion de deux personnes qui échangeaient tout à coup bien plus que des lèvres.
    Les minutes furent longues à rester dans les bras de Jared, à partager un moment ensemble comme jamais. Le plaisir était nouveau, mais bien agréable...
     
     
    Mais après ce moment de chaleur intense vint la séparation. Aube se sentit frigorifiée lorsqu'une bourrasque vint balayer le pont de l'étang alors qu'elle y passait.
     
     
    Jared se rapprocha d'elle pour la réchauffer un peu.
     
    -T'as l'air gelée... Tu veux pas que je te raccompagne chez toi ?
     
    Mais le sang ne fit qu'un tour dans le cerveau de la jeune femme bien peu fortunée. Elle n'avait parlé encore à personne des conditions dans lesquelles elle vivait. Elle ne savait quelle réaction l'homme qui venait tout juste de passer à autre chose avec elle pourrait bien avoir.
     
    -EUH... Non ! Je vais courrir, ça me fera du bien !
    -Tu es sûre ?
    -Oui !
     
     
    Ne laissant pas de possibilité de réponse à Jared, elle entreprit tout de suite une course un peu forcée...
     
    -Je t'appelle demain ! Lui lança-t-elle du bout du pont.
     
    Il resta là, un peu perplexe, avant de repartir.
     
     
    Aube prit le temps de réfléchir un peu à ce qui venait de se passer sur le chemin du retour. En effet, elle n'avait jamais vraiment parlé aux autres de sa situation actuelle. Elle s'en contentait, mais le regard des autres était bien autre chose, à ses yeux, que le propre regard que l'on porte sur soi-même.
     
     
    Et puis elle avait bien profité jusque là de la villa des garçons, et jamais il ne leur était venu à l'idée de demander à Aube à venir chez elle. Après tout, si elle n'en parlait pas elle même, personne ne se poserait vraiment la question.
     
     
    Mais la bourrasque de vent fit réfléchir la jeune femme. Pourra-t-elle affronter seule le froid de l'hiver, dans sa pauvre condition, sans jamais en parler à qui que ce soit ? Peut-être que la sincérité valait mieux que les secrets et la fierté...

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  • L'hiver était maintenant tout juste arrivé sur Rosellia.

    Et le froid se faisait légèrement ressentir. Quel n'était pas alors le réconfort d'une bonne cuisine et d'un plat chaud, même avec un attirail spartiate ? L'utilisation des produits durement obtenus au potager conjugués à ceux de la pêche donnaient déjà à Aube de très bons résultats.

    Episode 4 :

    Peu importe la quantité, après tout, puisque les repas n'étaient que pour elle.

    Episode 4 :

    Durant les derniers jours où le soleil daignait encore se coucher à des heures raisonnables, Aube profitait du temps pour finir d'aménager son jardin,...

    Episode 4 :

    ... préparer son potager au repos,...

    Episode 4 :

    ... et finir quelques derniers désherbages. La cabane était toujours une cabane, mais maintenant elle semblait bien moins abandonnée et insalubre qu'elle ne l'était. Vétuste, encore, oui, il ne fallait pas non plus rêver.

    Episode 4 :

    Et comme toujours Aube était bien heureuse de retrouver ses amis, plus particulièrement Jared, nouvel élu de son coeur.

    Episode 4 :

    Les retrouvailles fort rapprochées des deux concernés fut d'ailleurs la cible de quelques remarques et regards malicieux...

    Episode 4 :

    -Dites, les amoureux, s'enquit Sarah, si on vous dérange, vous le dites...

    -Roh eh, ça va hein, répliqua avec bien peu d'éloquence Jared.

    -Si on a plus le droit de profiter un peu de son amoureux, rajouta malicieusement Aube.

    -Ouais ouais, répondit Sarah. Viens plutôt te présenter, c'est pour ça qu'on est là aujourd'hui !

    Aube se détacha des bras de Jared, et s'avança vers les deux nouvelles venues. En effet, sorties de la résidence universitaire, les jeunes femmes, amies de la faculté, avaient trouvé une résidence à Rosellia pour rejoindre le reste du groupe. L'une semblait mince et malicieuse, et l'autre au physique plus généreux et au visage doux.

    -Aube, continua Sarah, je te présente Camille et Claire !

    Episode 4 :

    Elle eut comme réponse un "enchantée !" synchronisé de la part des deux.

    -Ravie, ajouta simplement Aube.

    Episode 4 :

    Tout le monde alla alors découvrir la nouvelle location de celles-ci, installées elles aussi dans la rue de la plage, avec ses villas au style de la Rome Antique.

    -La vache ! S'exclama Camille. Qu'est-ce que c'est que cette baraque ? Elle a l'air immense ! À ce prix là, elle est au moins soit vide, soit délabrée.

    Episode 4 :

    -Mais attends de voir avant de parler ! Lui conseilla Sarah

    -Elle fait toujours ça, hein... dit alors Claire, un peu lasse. Enfin, j'avoue que j'ai un peu de mal à y croire moi aussi.

    -Mouais, on va voir l'intérieur, hein, poursuivit Camille.

    Episode 4 :

    Elle ouvrit alors la porte avec la clé, constata par elle-même l'état des lieux avec un air incrédule, puis se retourna vers le reste du groupe.

    Episode 4 :

    -Ah, j'ai compris. En fait on est logés au sous-sol ?

    -Mais t'es pas croyable, hein !! S'insurgea Sarah.

    -Camille, objecta Claire, ils avaient bien précisé toute la maison dans l'annonce.

    -Qu'est-ce que c'est que ce délire ?

    Sarah, sous le rire amusé d'Aube, s'empressa alors de raconter ce qu'elle savait du travail qui était fait pour attirer la population vacancière et étudiante sur Rosellia. Tout en discutant, les nouvelles arrivantes s'installèrent dans leur nouveau logis temporaire, prenant alors connaissance par une note laissée dans la cuisine des conditions d'entretien de la maison, visiblement particulièrement strictes, comme pour la villa de Jared et Connor.

    Episode 4 :

    Tout le monde s'installa alors pour discuter dans le salon. Aube apprit que Camille et Claire étaient sœurs, que Claire étudiait l'Histoire de l'Art, et Camille les Sciences des Lettres. Deux matières qui donnaient peu de cours mais qui demandaient beaucoup de travail personnel. Rosellia était idéale, offrant beaucoup de calme tout en étant accessible facilement. Camille avait tout de même beaucoup de mal à y croire.

    Episode 4 :

    -Vous allez avoir un endroit vraiment bien pour pouvoir étudier le soir et vous reposer ! s'enthousiasma Aube. Je vous assure, l'île est vraiment très calme et très belle.

    -Ça a l'air en tout cas, répondit Camille, contente. C'est tellement bien que j'ai toujours le sentiment qu'il y a anguille sous roche. Comme le contrat de l'état des lieux, bon sang, ce qu'il a l'air strict !

    -Mais non, j'ai un bon ami à la mairie et il m'a certifié que c'était très bien arrangé comme système. Il vous suffit de respecter les lieux, voilà tout !

    Episode 4 :

    -En parlant de maison, changea de sujet Jared, on pourrait organiser quelque chose chez toi, non ? On y est jamais allés encore, et on a fait la maison de tout le monde je crois là !

    Episode 4 :

    -Euh, c'est que... hésita Aube, chez moi c'est beaucoup plus loin sur l'île. C'est plus difficile d'y amener tout le monde...

    -Oooh mais fait pas ta timide, elle est pas si grande cette île ! Et moi je veux la voir cette maison.

    -Mais...

    -Oh ouiiii ! s'amusa Sarah. Une fête chez Aube ! Une fête !

    L'enthousiasme de Sarah emmenant alors tout le monde dans l'encouragement, Aube eut un léger rictus ironique, et rajouta simplement :

    Episode 4 :

    -Bon, si vous y tenez. Je vais y réfléchir. Mais on attendra l'été, c'est mieux.

    Aube se confortait dans l'idée que repousser les choses tasserait l'affaire et que les autres finiraient par oublier, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser tout de même qu'il fallait peut-être qu'ils sachent un jour.

    Episode 4 :

    Notamment à cause du fait que cela commençait à inquiéter son petit ami en la personne de Jared. Celui-ci tentait parfois de lui en faire part.

    -Et où est-ce que tu vis exactement ici ?

    -Eh ben... plus loin, sur le bord de l'île, du côté du Palazzo Alto.

    Episode 4 :

    -Ah, mais c'est pas si loin que ça ! Tu vois que ce serait facile d'y aller !

    -Oui bien sûr, mais je préférerais quand même attendre l'été. Pour recevoir tout le monde à l'extérieur. C'est pas grand, tu sais.

    Episode 4 :

    -J'aimerais bien venir, moi, qu'on dorme ensemble tous les deux... lui intima Jared

    -Hé, on peut le faire chez toi, ça. Moi aussi j'adorerais !

    -Evidemment, on peut, mais ce serait bien de faire les deux, non ?

    Episode 4 :

    -Ecoute, on verra plus tard, je ne suis pas bien installée pour l'instant, dit-elle subitement en se retournant.

    Malgré ses excuses, Aube savait qu'elle avait du mal à cacher son angoisse et qu'elle s'en sortait très mal dans ses explications, mais elle ne tenait pas à lâcher l'affaire tout de même. Jared en était un peu déboussolé.

    -Wow, s'effara-t-il, tu sais, c'est pas grave hein, je m'en voudrais de m'imposer.

    La jeune femme avait bien senti qu'elle avait un peu vexé son petit ami et que ses intentions n'étaient pas mauvaises. Elle se retourna vers lui, avec un sourire plus conciliant, dans l'espoir de le rassurer tout de même... Elle se sentait coincée.

    Episode 4 :

    -Ecoute, je vous emmènerai chez moi bientôt, c'est promis. Mais laisse moi juste le temps de bien m'installer ici et de prévoir la venue de tout le monde. Je ne suis pas du tout organisée pour l'instant. D'accord ?

    -Oui... si tu veux.

    Aube en était sortie sans trop de mal, mais elle sentait bien que toute cette réticence de sa part avait rendu Jared légèrement soupçonneux. Elle espérait juste s'en sortir le temps de trouver une solution plus... acceptable que ce qu'elle proposait actuellement.

    Episode 4 :

    Mais les jours passaient et l'hiver n'était pas source de revenus pour la cultivatrice en passe de devenir professionnelle. Et sans argent elle ne pouvait pas vraiment réfléchir à un nouvel aménagement chez elle, même avec un terrain aussi grand.

    Episode 4 :

    Le seul à être au courant de sa situation était Boyd, qui venait en ce jour lui rendre visite pour la première fois. Elle s'était beaucoup rapprochée du presque sexagénaire, et de sa femme, qui étaient vraiment des gens charmants. Parfois, Aube se disait qu'ils étaient en quelque sorte des parents de substitution pour elle. Les Wainwright lui avaient même à plusieurs reprises proposé de l'aide financière, mais elle avait toujours refusé, par principe, au grand dam du couple.

    Episode 4 :

    Malgré tout, les retrouvailles étaient toujours chaleureuses.

    -Aube, ma petite ! s'exclama Boyd. Ça me fait plaisir de te revoir !

    Episode 4 :

    -Moi aussi, Boyd, ça me fait très plaisir ! Je suis contente que tu sois venu.

    Episode 4 :

    Boyd jeta un coup d'oeil rapide aux alentours, avec un regard inquiet.

    -C'est ta maison ? dit-il en pointant la cabane.

    Aube acquiesça simplement d'un mouvement de tête.

    -Eh bien, quand tu m'avais dit que c'était petit, tu ne mentais pas. Je ne suis même pas sûr que je connaissais cet endroit de l'île. Pourtant j'en connais un bout, tu peux me croire !

    -Ha, j'en suis certaine, s'amusa Aube.

    Episode 4 :

    -Et tu as reçu ça comme héritage ? La personne qui te l'a léguée était à ton nom ?

    -Oui... Il semblerait que ce soit mon père.

    -Bon sang... Si cet homme a vécu ici pendant toutes ces années, je commence à me dire pourquoi il aurait pu choisir de ne pas t'élever...

    -Mais je ne sais même pas s'il l'a choisi. De toutes façons, je ne le connais pas. Je ne sais rien de sa vie. Et cet endroit ne m'en a pas appris beaucoup plus.

    -Hmmm. Je ferai des recherches sur son nom à la mairie. Il doit bien y avoir des informations le concernant. Il n'a pas pu vivre et mourrir ici sans laisser de trace !

    -Si tu le dis...

    Aube ne se sentait pas si motivée à l'idée de faire des recherches sur son père biologique. Enfin, "géniteur" avait-elle même envie de l'appeler. Après tout, peut-on qualifier de parent quelqu'un qui ne vous a pas élevé et dont vous ne savez rien ? Ce sentiment d'abandon traînait dans l'esprit de la jeune femme depuis qu'elle était toute petite, et elle en venait à se dire que si les gens qui lui ont donné la vie n'avaient pas envie de l'élever, de la connaître, alors elle n'avait pas envie d'en savoir plus sur eux.

    Episode 4 :

    Boyd, qui avait senti l'égarement des pensées de sa nouvelle protégée rompit le silence en changeant de sujet.

    -En tout cas, le terrain est immense ! Est-ce que tout est à toi ?

    -Non, la moitié seulement. Mais on m'a informé que je pouvais racheter l'autre moitié, ainsi qu'une autre parcelle de la péninsule, parce que les terrains sont hypothéqués, à mon nom de famille aussi.

    -Donc en gros, si tu parviens à avoir des finances plus stables, le cap de l'arche est complètement à toi.

    -Oui, enfin... encore faudrait-il qu'elles soient stables un jour. Bref, peu importe. Tu as faim ?

    -Et comment !

    -Je vais aller préparer le dîner alors. Des spaghettis bolognaise, ça te dit ?

    -Très bien.

    -Va t'installer sur la table au bout du terrain, alors, j'arrive.

    Episode 4 :

    Aube avait pu se fournir une table et deux chaises à bas prix, qu'elle avait installées juste au bord de la falaise, pour avoir un beau point de vue.

    -Joli cadre en tout cas, ma petite Aube.

    -T'as vu, hein ? Là-dessus, j'ai pas à me plaindre, le paysage est vraiment beau.

    Episode 4 :

    -Tu vas voir, lorsque tu seras vraiment établie ici, ce sera un petit coin de paradis !

    -J'espère, Boyd, j'espère.

    Aube angoissait vraiment sur son avenir. Resterait elle comme l'homme qui avait vécu ici tant d'années ? Dans un taudis insalubre ? Elle espérait juste ne pas avoir à changer de domicile, elle qui, malgré ce que représentait l'endroit vis à vis de son père biologique, avait tant fait pour pouvoir venir vivre ici.

    Episode 4 :

    Et dans tous ces questionnements, le froid de l'hiver revenait de plus belle, plongeant la Rosellia matinale dans une brume épaisse et glaciale, soutenue par le givre du sol.

    Episode 4 :

    Mais cela ne devait pas changer pour autant la routine quotidienne, le travail en extérieur étant la principale activité de la jeune adulte. Peut-être devrait-elle consulter les annonces pour trouver un travail saisonnier, cela l'aiderait financièrement, et lui éviterait de rester enfermée dans sa minuscule demeure les jours où le froid était trop rigoureux.

    Episode 4 :

    Mais la consultation du journal fut infructueuse, et elle mit à recycler celui-ci après l'avoir lu, reprenant les activités de tous les jours, en espérant avoir plus de chance le lendemain.

    Episode 4 :

    Mais en refermant le couvercle de la poubelle, elle constata que peut-être qu'aujourd'hui sa routine serait brisée, sûrement pour quelque temps.

    Episode 4 :

    -Ouais, c'est vrai, c'est petit pour recevoir tout le monde.


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