• Episode 1 : Découvertes

    De nos jours, Charlottebourg, Gaspésie.



    Ça y est, j'y suis enfin. Mes études terminées, je quittai l'université pour rejoindre ma meilleure amie dans l'ancienne maison de sa tante, morte l'an dernier. Sa famille n'avait pas eu le cœur de s'en séparer. Et ça lui faisait un logement à la sortie de la faculté... c'est un peu la chance dans son malheur.



    On m'avait parlé longtemps de cet endroit, que l'on appelait la vallée du crépuscule. L'endroit était connu pour ses paysages très beaux, à ce qu'on m'en avait dit. J'arrivais à l'entrée de la ville, où je pouvais déjà voir la ville se vanter de sa réputation de lieu touristique de choix.



    J'entrevis derrière les arbres les grandes collines typiques de la région, et me réjouis d'avance du panorama que je pourrais avoir. La nature était toujours fascinante...



    C'est drôle, mais dès les premiers bâtiments, des souvenirs me revinrent. J'y avais passé quelques vacances, et la ville ne semblait pas avoir tant changé que cela.



    Je déposais ma voiture dans l'allée que l'on m'avait laissé de libre, derrière la maison.



    Elle se tenait toujours là, cette vieille et grande maison, face à la mer. La revoir me faisait vraiment plaisir, et de voir qu'elle n'avait pas changé encore plus. C'était comme un retour dans l'enfance, où je me revoyais m'adonner à diverses activités insouciantes... Je constatai alors que Spooky avait bien grandi, il était là pour tenir compagnie à celle qui habitait les lieux dans les dernières années de sa vie. Cette femme était quasiment devenue ma propre tante au fil des années.



    -Hey, salut toi ! lui lançai-je en lui frottant la tête. T'es devenu sacrément beau, dis-moi, qui c'est qui te nourrit aussi bien ?

    Il aboya joyeusement, me reconnaissant même après toutes ces années. C'était un retour agréable...



    -Je vois que tu ne perds pas tes repères comme ça, fit une voix en haut du perron.



    C'était Alice. Ma meilleure amie, avec qui je partage tout depuis l'école. Nous avons tout fait ensemble, même les études. Elle était partie un mois plus tôt pour s'installer dans la maison, et je l'avais rejoins après avoir fait les dernières valises, et validé mon dernier semestre au rattrapage. Il me manquait quelques matières. Je n'étais pas aussi bonne qu'Alice, mais il faut dire que pour concurrencer la quatre fois major de promotion, il fallait y aller.



    Je me jetai dans ses bras, comme si nous nous étions quittées depuis des années.

    -Alice ! m'enthousiasmai-je. Je suis contente de te revoir !

    -Ça va, me répondit-elle en riant, ça ne fait qu'un mois. Bon, alors, ce rattrapage ?

    -Bah écoute, c'était pas mes matières préférées, tu t'en doute. Je me suis contentée de bosser à fond les plus gros coefs et puis le reste... ben j'ai essayé de maintenir la note, hein. Enfin j'ai eu ce semestre en plus !

    -Ah, c'est chouette ! Enfin, tu sais, tu pouvais avoir ton année par compensation.



    -Oui, mais je préférais avoir des points en plus, ça me rassure.

    Il y eut un léger silence avant que je me décide à poser une question.

    -Et toi, alors ? Je veux dire... ta famille, ça va ?

    -Oh, tu sais, on fait avec. Et puis ça va faire presque un an maintenant.

    La mort de tante Firmine les avait touchés de plein fouet, soudainement. Ses parents et ses cousins avaient été atterrés par cet évènement. Elle était décédée d'un arrêt cardiaque, à 67 ans. Depuis, je prenais des nouvelles régulièrement. Mais ma meilleure amie rompit le silence triste installé.



    -Allez, me lança-t-elle, viens à l'intérieur, il y a quelqu'un qui va te faire plaisir de revoir.

    -Ah oui, c'est vrai ? Qui ça peut-être ?



    -David, on a une invitée !

    -Hein ? se prit-il la peine de répondre. Ah, salut.

    David, son frère jumeau. Il n'avait même pas daigné se tourner vers nous. Cela interloqua Alice, ce qui me fit sourire.



    -Euh, David, c'est Aurore qui est là ! Tourne un peu la tête par ici plutôt que de rester fixé à cet écran !

    -Deux minutes là, répondit-il précipitamment, je finis...

    -David ! C'est Aurore ! Le coupa-t-elle, en insistant.

    Il se tourna et réagit enfin à ma présence.

    -Ah, euh, merde ! bredouilla-t-il. 'scuse, j'arrive !



    Il se leva et vint m'embrasser. Cela faisait une éternité que je ne l'avais pas vu, mais ma joie fut la même. Il nous accompagnait souvent pour jouer lorsque nous étions enfants. C'est au moment du lycée qu'il tourna mal, et régulièrement, Alice me donnait des nouvelles. Je sais qu'il a échappé de peu à la prison, mais qu'il sortait tout juste de maison d'arrêt pour désintoxication. Ses fréquentations n'avaient pas été des plus recommandables... Mais il était revenu ici pour un nouveau départ.

    -Ca me fait super plaisir ! S'enthousiasma-t-il. Combien de temps ça fait ma p'tite sœur ?

    -Ouais ouais, c'est ça, rattrape toi, me moquais-je.



    -Bon, viens avec moi, reprit Alice. Je vais te montrer là où tu vas dormir. David, tu sers le déjeuner ?

    -Ça marche, rétorqua-t-il.

    Je suivis alors Alice vers l'escalier, en jetant un dernier coup d’œil vers le séjour. Cette maison n'avait décidément pas changé. Toujours cette vieille atmosphère nostalgique, coincée dans le temps, réconfortante et chaleureuse...




    -Bon, me lança ma meilleure amie, je te préviens, c'est pas le grand luxe, mais on a pas eu le temps de changer les meubles. C’était la chambre où on dormait quand on était petits.

    -Ah mais oui, je me souviens ! Vous me sortiez un matelas et un duvet quand je venais, remarquais-je. C'est pas grave, je sais me contenter de peu !



    -Voilà, ici, me montra-t-elle. On essayera de chercher dans l'année un lit double, et puis on fera de la place. Tu verras, tu seras bien ici.



    Elle regardait la chambre avec un petit sourire.

    -Enfin ça va me faire bizarre quand même, de changer les lieux. On a vécu tellement de choses ici. Rien que de regarder tout ça... ça me redonne des souvenirs !
    -Je ne veux pas m'imposer, tu sais, vous n'êtes pas obligés de changer cette pièce rien que pour moi.
    -Non, non, on peut le faire. Et puis tu as ta place ici. Toi aussi tu en as vécu des choses dans cette maison...

    C'est vrai que j'étais souvent avec eux. Ma famille... je n'en avais quasiment pas. Je vivais avec ma mère, mais elle avait un travail si prenant. Je l'aimais, oui, mais pour le temps que je la voyais... j'aurais aimé passer plus de temps avec elle. Elle est morte à l'usine, accident du travail. J'avais 19 ans. Heureusement que j'avais Alice. Sa famille était tout ce qu'il y a de plus normale, avec des parents plutôt aisés mais pas trop, et surtout adorables. Ce sont eux qui m'ont offert mes études. Alice interrompit de nouveau mes réflexions.



    -Je te laisse t'installer, je vais m'occuper du déjeuner avec David. À tout de suite !

    -D'accord, à tout de suite !

    Je déchargeai alors ma voiture, et installai mes quelques affaires dans la chambre, rapidement, pour rejoindre tout le monde à table.

    -J'ai un petit boulot en librairie, commença Alice, mais je connais quelqu'un au restaurant pas loin qui m'a dit qu'ils avaient besoin d'une serveuse. Ça te dit?
    -Hé, pourquoi pas, répondis-je. C'est un bon début. C'est où exactement ?
    -Je te montrerai, c'est un petit truc qui a des tarifs plutôt bas. Enfin bref, tu verras. Sinon, tu as quelque chose que tu veux faire dans l'après-midi ?



    -Hum... hésitais-je, en fait, il fait beau, et je serais bien tentée par la piscine. J'ai vu qu'elle était ouverte en passant.

    -Bonne idée, ça nous fera du bien ! Tu viens avec nous, frangin ?

    -Heu, ouaif... nan. Rétorqua-t-il. Ça me dit trop rien la piscine.

    -Ouais, ironisa Alice, j'en connais un qui va encore occuper son après midi avec la console et la musculation.

    -Et si plutôt que de me faire ch... tu montrais à Aurore quelque chose qui lui appartient ?

    -Ah mince, j'avais oublié ! Aneth !



    -Oh, c'est vrai ?! Vous l'avez déjà ? m’enthousiasmai-je.

    -Bien sûr, me rassura Alice, il doit être entrain de manger dans la cuisine. On ira le voir après.



    -Oh, mon minet ! M'exclamai-je.

    Je me précipitai vers mon chat, que nous avions à l'université, et qui habitait avec moi et ma mère avant cela. Il s'adaptait bien au changement, c'était un chat intelligent. Et le dernier souvenir de ma mère, qui plus est...



    -Alors, t'es toujours là mon vieux pépère ? Content de me retrouver, hein ?

    Il me lâcha un petit miaulement assez grave pour un chat, comme pour me dire oui. Il était déjà vieux, mais il était en bonne santé. Cela devenait étonnant, selon les médecins.



    Alice interrompit les réjouissances pour m’appeler.

    -J'ai préparé nos affaires, tu viens ?

    -Ça marche, répondis-je avec joie. On y va comment ?

    -Oh, à pied, c'est pas loin.

    -Okay, répondis-je simplement.

    ous arrivâmes en peu de temps à la piscine, pour nous changer, et nous baigner un peu. Après quelques temps, nous nous installâmes à deux chaises, pour discuter un peu et prendre à manger.



    -C'est vrai que c'est une très chouette piscine, elle est toujours bien entretenue, remarquai-je.



    -Ils ont une super collection de palmiers, ajouta Alice, tout ça pour une piscine! La municipalité est assez riche dans le coin.

    -Tu m'as dit que c'était une famille d'anciens nobles français qui étaient installés ici, je crois ?

    -Oui, depuis la fin du XVIIIe siècle. Il paraît qu'ils possèdent encore une bonne partie de la ville, mais je saurais pas dire.



    -Au fait, tu voulais pas une glace, toi ? s'étonna mon amie.

    -Ah mais si, c'est vrai ! Non, mais quelle cruche, je te jure.

    -Haha, je vais te la chercher, s'amusa-t-elle.



    -Tu vois, qu'est-ce que je ferais sans toi ! M'amusai-je à mon tour. Tu m'en prends une vanille-coco ?

    -Okay, je te prends ça.

    Tandis qu'Alice était partie, j'observais le reste de la piscine, et tous les gens qui s'y amusaient. C'était calme, un jour d'école, il n'y avait pas d'enfants. Lorsque je vis cette femme. Elle sortit de l'eau, elle n'avait pas mouillé ses cheveux, et monta l'échelle avec une certaine élégance.



    J'étais tout à coup attirée par la brillance de ses cheveux, et sa beauté naturelle, alors qu'elle semblait d'un certain âge...



    Mais ce qui me frappa le plus, c'est sa grâce, sa taille élancée...



    ...et surtout, la couleur dorée de ses yeux, qui sublimait son visage, d'une noblesse d'expression incroyable.


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